Nous avons vu le film "Avant que j'oublie" de Nolo.
Il me reste dans la tête l'image d'un film noir, troublant, dérangeant. Il m'a plongée dans un monde que je ne connais pas mais que, bizarrement, je pressens: le monde de
l'homosexualité masculine et du gigolo, où chaque instant n'est qu'obsession de la recherche d'un partenaire, de l'argent, et de sa propre personne.
En parallèle avec la lenteur, voulue, et l'insistance de son mal-être, l'auteur du film a utilisé des techniques cinématographiques qui vous emmènent dans son malaise.
- Gros plans sur son visage, les contre-jours avec des objets de son bureau dans l'aube blafarde, les clairs-obscurs évoquant sa souffrance due à la maladie. Dans mon fauteuil,
je "vivais" l'odeur de fièvre, la sueur luisante sur la peau flétrie, la moiteur des draps, la nuit blanche.
- Ecran blanc du début du film avec le point noir qui grossit lentement puis de plus en plus vite.
Est-ce pour mettre en condition le spectateur? Le silence de la salle est palpable et tendu.
Est-ce pour symboliser la vie et la mort qui envahit peu à peu l'espace temps?
- Monde sonore constitué uniquement de bruits renforçant les silences de la vie: les voitures dans la nuit, le robinet qui coule, le teintement de vaisselle, la chasse d'eau...
- Musique qui éclate de tous ses cuivres, obsédante et évocatrice de la déchéance ultime.
- Vision de la silhouette qui s'enfonce dans l'ombre et dont seuls les mollets et les bras reçoivent la lumière, puis disparaît lentement...
FIN
